jeudi 25 février 2010

Bilan de quart de stage


Je ne vous ai pas encore présenté ma classe: une classe d'adaptation scolaire avec des élèves ayant des problèmes de comportement. Le plus drôle? C'est moi qui a voulu me diriger dans cette classe. Je suis parfois un peu suicidaire je crois...

Mais non, c'est une blague. Je voulais acquérir davantage d'expérience concernant ma gestion de classe et quoi de mieux que ces élèves pour me former? Je me suis lancée un petit défi et je crois que je réussirai à le surmonter avec le temps.

Bilan de quart de stage:
J'adore mes élèves, ils sont âgés entre 10 et 13 ans. Je trouve qu'ils ont de la suite dans les idées et je sais que je vais apprendre beaucoup en leur compagnie (c'est déjà commencé).

Il y a une nouvelle mode dans ma classe, c'est de faire des bruits dérangeants lorsque je parle. Je sais quels sont les élèves qui font ces bruits et je leur envoie parfois un coup d'oeil pour leur dire de faire attention, mais ils continuent et je commence à être désarmée face à eux. Ma gestion de classe est réellement un point que je dois améliorer.

Sinon, ça va relativement bien. Mon école est accueillante, le contact avec les parents se fait bien, j'adore les élèves qui me sont confiés. Je les compare avec d'autres clientèles avec lesquels j'ai aussi travaillé (enfants TED, avec déficience intellectuelle, etc.) et je me demande parfois où je me sens le mieux. Cependant, je réalise que ce que j'adore avec mes petits, c'est que je suis en mesure de faire assez de scolaire avec eux. Ils sont allumés et ils connaissent une multitude de choses, ils en sont déstabilisant parfois! J'adore ça!

Pendant les périodes de temps libres, je leur demande de se trouver une chose à faire, mais c'est difficile... oulala...!

Bon, suffit le chialage:

J'ai reçu 2 petites fleurs aujourd'hui:
Un élève m'a donné deux dessins (je n'en avais jamais reçu depuis le début de mon stage) et il m'a dit: "Tu es pas mal chialeuse, mais j'va faire des efforts. C'est promis" oulala! Wow, j'étais quand même heureuse de son "J'va faire des efforts". Un point de gagné, un pas de fait, j'étais aux anges.

Sinon, une fillette a demandé pour que je sois sa "mentor", pour que ce soit moi qui la rencontre pendant la semaine et qui voit ce qu'elle a à travailler, qui lui donne des trucs si elle en sent le besoin, etc. Wow, elle m'a choisi MOI! En plus, ce n'est même pas une fillette de ma classe et elle trouve que je suis "cool"! :)
Une chialeuse cool c'est rare que l'on voit ça, hahaha! :)

Ces petites fleurs m'aident à passer mes journées. :) Espérons qu'il y en aura plusieurs autres!

La rivière


Bonjour,

Je vous invite à lire ce texte que j'ai trouvé sur le site antredudragon.com . Je le trouve magnifique. Il représente bien le quotidien avec un élève présentant des troubles comportementaux je trouve. Alors voilà.

La Rivière

L’eau se faufile partout, elle se trouve toujours un chemin pour continuer son aventure. On a beau construire des barrages et des digues, elle finira bien par trouver son chemin vers l’océan. Si l’on essaie de la contenir, elle cherchera la fissure et l’agrandira à petits pas ou dans un déchaînement prodigieux.

On peut l’apprivoiser, mais l'on ne peut la maîtriser complètement; la faire devenir ce qu’elle n’est pas ou ne veut pas être. L’eau a besoin d’un cadre pour se rendre à l’océan où elle atteindra sa pleine maturité, ce cadre est symbolisé par les ruisseaux, les rivières, les fleuves et l’océan lui même. Ce cadre lui sert à aller où elle sent qu’elle doit aller, à poursuivre son but, son épanouissement. La rivière n’empêche pas l’eau de couler, elle ne fait que lui montrer le chemin, elle lui indique la direction qu'ont pris avant elle bien des petites gouttes d'eau. Elle lui désigne le sentier le plus sûr pour l’empêcher de s’éloigner de son but. Si l’eau décide de quitter le lit de la rivière, elle risque de se retrouver dans un endroit où elle ne pourra atteindre son but d’épanouissement, elle deviendra stagnante. Lorsque cela lui arrive, elle lance un message, elle sent qu’on essaie de la diriger où l’on veut qu’elle aille et non, où elle veut aller.

L’enfant c’est pareil, son chemin c’est l’épanouissement. Il a besoin d’un cadre de vie pour y arriver. Ce cadre c’est le sentiment d’être aimé, d’être en sécurité, de pouvoir se nourrir, de pourvoir être reconnu, etc. Ce cadre, c’est également les consignes, les règles de vie, les valeurs sociales, ses parents, les adultes qu’il côtoie, et même toi son animateur/trice, son éducateur/trice. Sans “sa rivière” à lui, il risque de se ramasser dans un endroit où il ne pourra pas développer son plein potentiel.

Pour se rassurer et se sécuriser, il cherchera la fissure dans “sa rivière”, il testera la règle afin de savoir si celle-ci est valable et durable. Si elle l’est, son sentiment de sécurité sera renforcé, il continuera son chemin l’amenant à son but. Mais, s’il perçoit la règle fragile, il s’y infiltrera afin de voir jusqu’où il peut l’agrandir, la défier et il ressentira, l’espace d’un moment, un sentiment d’extrême pouvoir où rien ne peut lui résister. Mais, ce sentiment est très éphémère, car il est signe d’insécurité, il développe le sentiment d’abandon. Si cela se reproduit souvent, sa confiance en l’adulte sécurisant disparaîtra, il se sentira comme une proie fragile à la merci de tous et comme l’animal qui se sent traqué, il sortira ses crocs, prêt à mordre au moindre signe de danger. Pendant qu’il mettra toute son énergie à faire croire aux autres qu’il est dangereux, il s’égarera de son chemin, de son but.

Et comme on ne peut faire à la place de l’enfant, qu’il ne sert à rien de vouloir plus fort que lui, que la motivation au changement doit venir de façon intrinsèque (de l’intérieur de lui-même), notre but est donc de l’aider à se réconcilier avec sa rivière. Lui montrer qu’il y a des rivières qui ont perdu le sens de leur rôle mais qu’il y en a encore, et même beaucoup, qui sont prêtes à jouer leur rôle, malgré leurs petites fissures bien personnelles qu’ils prennent garde de laisser s’agrandir à la moindre crise perceptible.


Stéphane Vincelette, 1998

lundi 8 février 2010

Le porteur d'eau


J'aime bien cette petite histoire. Ce n'est pas moi qui l'a inventé, elle existe depuis longtemps. Je ne connais donc pas la source (si quelqu'un la connait, juste à me le dire et je l'ajouterai).

Je trouve que d'utiliser des parallèles avec les jeunes leur permet de réfléchir et de se sentir "externe" au problème. Pour le peu d'expérience que j'ai, les jeunes aiment bien ces histoires... ils se sentent interpellés et ils ont souvent des solutions ou des opinions très intéressantes.

Maintenant, voici ce texte:

En Chine, un porteur d'eau possédait deux grosses cruches, chacune d'elle pendante aux extrémités d'une solide perche qu'il portait sur ses épaules.

L'une des cruches était fêlée, tandis que l'autre était parfaite et livrait toujours une pleine portion d'eau.

À la fin de la longue marche du ruisseau à la maison, la cruche fêlée arrivait toujours à moitié pleine. Tout se passa ainsi, jour après jour, pendant deux années entières où le Porteur livrait seulement une cruche et demi d'eau à sa maison.

Évidemment, la cruche qui était sans faille se montrait très fière de son travail parfaitement accompli. Mais la pauvre cruche fêlée était honteuse de son imperfection, et misérable du fait qu'elle ne pouvait accomplir que la moitié de ce qu'elle était supposé produire.

Après ces 2 années de ce qu'elle percevait comme étant une faillite totale de sa part , un jour, près du ruisseau, elle s'adressa au Porteur d'eau , « J'ai honte de moi-même, et à cause de cette fêlure à mon côté qui laisse fuir l'eau tout au long du parcours lors de notre retour à votre demeure. »

Le Porteur s'adressa à la cruche, « As-tu remarqué qu'il y avait des fleurs seulement que de ton côté du sentier, et non sur le côté de l'autre cruche?

C'est que j'ai toujours été conscient de ta fêlure, et j'ai planté des semences de jolies fleurs seulement de ton côté du sentier, et chaque jour durant notre retour, tu les as arrosées.
Durant ces deux années j'ai pu cueillir ces jolies fleurs pour décorer notre table. Si tu n'avais pas été comme tu l'es, nous n'aurions jamais eu cette beauté qui a égayée notre maison »

La morale :

Chacun de nous avons nos imperfections. Nous sommes tous des cruches fêlées.

Mais ce sont les failles et les fêlures que chacun de nous avons qui rend notre vie plus intéressante et gratifiante.

Vous devez accepter chaque personne pour ce qu'elle est, et percevoir ce qu'il y a de bon en elle.

Se lancer!

Voilà que j'ai décidé de faire un Blog traitant des hauts et des bas que je vis en stage IV. Et oui, je suis en train de compléter mon Internat en adaptation scolaire....Enfin! Quatre ans d'université pour en finir avec un stage dans un milieu assez Hard Core que j'ai choisi (et j'en suis fière)! Le blog du Prof Maudit (http://prof maudit.blogspot.com)

De plus, j'ai la tête pleine de projets et j'ai envie de changer le monde de l'Éducation... Je sais que mes ambitions sont grandes et qu'elles ne se réaliseront certainement pas toutes, surtout que les statistiques ne jouent vraiment pas en ma faveur (décrochage des jeunes profs). Malgré tout, je veux faire tout mon possible pour changer la vie des petits qui croiseront mon chemin. Voilà, mon premier message est créé, je suis lancée! J'ai tant de choses à dire, j'espère que vous serez là pour me lire! Tous commentaires étant constructifs ou émotifs sont les bienvenus sur ce blog!